L'exquise Nouvelle

Pays

vendredi 3 juin 2011

Concours Gilbert Joseph et autres infos...

Les librairies Gilbert Joseph organisaient un concours : 

Il s'agissait d'écrire une lettre de refus pour un manuscrit, le participant se mettant à la place de l'éditeur et devant motiver son refus.Notre ami Éric Bouhier a participé, vous imaginez qui il a mis en scène...

Frédéric Dard – San-Antonio

Monsieur San-Antonio,
Nous avons bien reçu le document de près de 40 000 pages, relatant les 175 aventures du commissaire qui porte votre nom et qui est à ce jour le manuscrit le plus long que nous ayons eu à juger. Comme toute maison d’édition consciencieuse, nous avons pris soin de tout lire et vous comprendrez ainsi pourquoi nous avons mis un peu plus de quatre ans à vous répondre. Pourquoi ne pas nous avoir envoyé seulement le premier chapitre, voire la préface ou, même mieux, la quatrième de couverture ? Vous auriez évité de monopoliser notre comité de lecture qui, heureusement délivré aujourd’hui de vos san-antoniaiseries, peut enfin s’attaquer à quatre années de manuscrits laissés en souffrance, un comité par ailleurs littéralement épuisé et dont les repères grammaticaux et orthographiques ont été profondément bouleversés par le déchiffrage de vos élucubrations. Vous-même auriez gagné du temps en abandonnant rapidement ce délire littéraire qui nous fait douter de votre bonne santé psychique. Car autant vous le dire franchement, notre décision fut prise avant même avoir lu la première ligne de vos aventures et dès la découverte de quelques-uns des titres : Turlute gratos les jours fériés, Tarte aux poils sur commande, Bosphore et fais reluire !! Nous vous le demandons : sont-ce des titres ? Et dans quelle collection de nos Éditions de la Joie et de la Foi aviez-vous imaginé que nous vous publierions ? Croyez-vous que le seul fait de vous appeler San-Antonio et de recueillir une Marie-Marie fait de vous un saint ? Et en comparant le membre viril d’un de vos personnages, un dénommé Béru, à un saucisson Jésus de Lyon, surmontant deux généreuses Petites Sœurs des Pauvres, n’avez-vous pas réalisé que vous blasphémiez gravement ?
Sachez-le, colère et pleurs ont accompagné ces heures de lecture que vous nous avez imposées. Et que vous écriviez God Miché à la place de godemiché n’a rien fait pour nous réconcilier avec votre prose nauséabonde.
Non, Monsieur, nous respectons vos souffrances, la censure ne fait pas partie de nos méthodes, mais notre devoir nous impose, et d’alerter les services sociaux, et de détruire dans l’instant ce qui semble être un manuscrit original, dactylographié sur une IBM à boules (encore une de vos allusions perverses !), comme vous nous le précisez dans la lettre accompagnant votre envoi.
Oui, nous l’avouons, nous avons tremblé à l’idée qu’un tel brûlot puisse tomber dans les mains d’un éditeur moins scrupuleux et vigilant que l’est notre maison.
Pour finir, nous vous prendrons à votre propre jeu : dans une énième digression dont vous vous faites le chantre et, qui soit dit en passant, ne fait que nuire à l’intrigue et désoriente le lecteur, vous écrivez ceci, et c’est peut-être la seule remarque pertinente que nous porterons à votre crédit, encore que le choix du vocabulaire ne soit guère judicieux : les mots sont comme les pigeons, on peut les apprivoiser, mais un jour ou l’autre, ils vous chient dessus ! Eh bien, Monsieur, nous allons nous aussi nous lâcher et cela nous fera du bien après le tombereau d’insanités que vous nous avez infligé ces quatre années durant : en effet, étant parfaitement d’accord avec cette sentence, nous sommes persuadés que vous êtes aujourd’hui un sacré tas de merde !
En vous souhaitant que votre IBM vous saute à la gueule.
Avec notre con-passion (comme vous n’auriez pas manqué de l’écrire)
Et que cela soit dit et aussi vite oublié.
Ite missa est
Amen.

Vous pouvez lire les commentaires ICI

Par ailleurs Éric nous informe que le salon du livre de Vannes 17, 18, 19 juin présente une expo Frédéric Dard (Avec Joséphine et René Buvry, le graphiste, nous avons adapté l'expo que nous avions faite à la mairie du XVIIIe pour l'inauguration du square San-Antonio.)
Joséphine sera présente et signera son dernier livre.

Éric a aussi  fait une conférence sur San-A à la 28e foire du livre de Saint-Louis (près de Mulhouse) le 7 mai dernier.
Il a  eu le plaisir de dîner avec Didier Van Cauwelaert  qui a très bien connu Frédéric et n'a pas été avare d'éloges sur son œuvre. (voir l’article qu'il a écrit pour le Figaro lors de la commémoration du décès de Frédéric).

Anecdotique : j'ai trouvé dans un très beau livre, Éloge du silence, de Marc de Schmedt (espaces libres chez Albin Michel) une citation de San-A en p47 :
Les autres font ce qu'ils veulent de tes mots tandis que tes silences les affolent. (Maman les petits bateaux)

Il y a aussi plusieurs références à FD dans le délectable Dictionnaire des amoureux des dictionnaires (Plon) d'Alain Rey). Éric Bouhier à eu l'occasion de discuter avec lui ; il n'a pas fait de chapitre particulier sur le Dictionnaire San-Antonio, non pas qu'il n'apprécie pas l'œuvre, au contraire, et sa contribution à l'enrichissement de la langue française, mais parce qu'il considère que ce dictionnaire ne respecte pas la méthodologie d'un vrai dictionnaire ! Il faut dire que le bonhomme est pointu en la matière et même un des plus grands spécialistes au monde !

Amis de San-Antonio, vous avez  une actualité, des informations ?
N'hésitez pas, faites comme Éric, ce blog est le vôtre !



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

compteur pour blog