L'exquise Nouvelle

Pays

mercredi 30 mars 2011

Michel GOURDON

Michel Gourdon n'est plus...
Michel était né à Bordeaux en 1925,  diplômé de l'école des Beaux-arts de cette même ville, il a  travaillé dans le dessin animé. L'entreprise qui l'emploie ayant fait faillite, il s'essaie au dessin industriel, où il n'arrive pas à s'épanouir. Michel continue de dessiner pour des revues en-dehors de son travail, parmi lesquelles "Paris-Flirt" où naîtront ses célèbres pin-up.
Il a  réalisé près de 3500 couvertures pour les éditions Fleuve Noir entre 1950 et 1978. 
Si les collections Angoisse, Aventurier, Espionnage, Feu, Police et Présence des femmes sont si recherchées encore à ce jour, c'est certainement en grande partie grâce à lui, car tous les auteurs publiés ne sont pas forcément de talent.
Il a travaillé aussi pour d'autres éditions, comme J'ai Lu et les Presses de la Cité (collection Passion et Turquoise).
Tout comme son frère Alain (plus connu sous le pseudo de Aslan) il a commis quelques dessins érotiques de toute beauté que l'on peut retrouver dans deux porte-folios de dessins érotiques édités par JML Production.
Ils ont été tirés à 400 exemplaires.
C'est un des plus grands illustrateurs de San-Antonio qui s'éteint. Qui n'a jamais rêvé de posséder une de ses magnifiques gouaches sur cartons contrecollés ?
Je pense aussi, et cela n'engage que moi, que Gourdon est, ou malheureusement fut, (car il aurait été mieux que cela soit de son vivant) un artiste méconnu, comme le sont bon nombre d’illustrateurs, alors que quand on voit le talent dont il faisait œuvre... La finesse des traits, les expressions des personnages, les couleurs...
Michel Gourdon fut recruté en 1950 par Armand de Caro pour son aptitude à représenter la pin-up, très en mode dans les années cinquante, import outre atlantique où les Jane Mansfield et Betty Page cartonnaient dans les magazines. Jusqu'au numéro 36 de la collection "Spécial Police" on trouvera les demoiselles de papier de Gourdon dans des poses lascives, mais les démêlés avec la justice d'Arman de Caro avec la censure (interdiction d'affichage, de ventes aux mineurs) pour la collection "Rouge et Noire", plus connue sous le nom de "La flamme". Il faut savoir que la moitié des titres de la collection sont sujet à plainte, de Caro décide alors de stopper en court "la Flamme" et par la même occasion de calmer le jeu dans les illustrations "Spécial-Police". Michel se doit de s'adapter.  A partir du N° 37, on trouve toujours de belles demoiselles, mais avec un fond collant au roman.
Puis au N° 47 de la série, "Sans Pardon" de Michel Laforest, c'est la dernière fois que la Pin-Up est au premier plan, au suivant, "Passez moi la Joconde" de notre cher San-Antonio, elle passe au second plan pour y rester plus ou moins définitivement.
C'est la naissance des couvertures plus "noires", moins sexy.
D'ailleurs, pendant la "répression de la Pin-Up" , certains demandent l'interdiction pure et simple d'imprimer toute illustration contenant une pin-up afin d'éradiquer la pornographie (Étonnant non?). De 1955 à 1957, on voit carrément ces belles dames disparaître, seul l'homme reste : 
-Messieurs les hommes, 1955, San-Antonio
-Fais gaffe à tes os, 1956, San-Antonio
-Impasse à la dame, 1956, Peter Randa
-Un bagarreur, 1956, M-G Braun
-Au suivant de ces messieurs, 1956, San-Antonio
-Coup de torchon au paradis, 1956, A. St Moore
-On n'en meurt pas, 1957, Frédéric Dard
C'est à cette époque que va naître le San-Antonio qui restera ancré dans nos mémoires, et que Gourdon va utiliser jusque 1969 dans En avant la moujik, les deux suivant ne représentant pas San-A sur la couvrante...
Fin 1957, la pin-up revient, sur un San-Antonio d'ailleurs, Les anges se font plumer, mais elle n'est présente que rarement, il faudra attendre 1969 pour qu'elle revienne au premier plan, puis libération sexuelle oblige, elle connaîtra son apogée de 1971 à 1978,
N°1401 : La honteuse blessure de Dominique ARLY sera la dernière apparition de cette sublime femme, le suivant , Sinistre et compagnies de Pierre NEMOURS comportera un personnage masculin, ensuite ce sont des photos qui illustreront les couverture de la série "Spécial Police" du Fleuve Noir, il faudra attendre 1985 avec 
Pitié pour les mousmées de Buzz BULLY pour voir les dessins revenir, mais le charme du pinceau de Michel Gourdon n'est plus présent...
Michel Gourdon,  dont le crayon a été chassé par l'appareil photo va travailler un peu pour Télé 7 jours, Actuel, faire quelques campagnes de pub, puis progressivement se retirer  dans sa chaumière pour se consacrer à son amour de toujours, le dessin  à la sanguine de la femme dans toute sa splendeur. 
Michel est décédé le 16 mars à l'âge de 85 ans, un de plus en moins....

Si j'ai la passion du dessin c'est grâce à Michel et ASlan, si je me suis mis à lire San-Antonio, c'est parce que les couvertures de Michel m'ont ému.

Je me suis servi de deux formidables sites pour cet article, celui de Papy Dulaut et celui de l'inspecteur Matis
Veuillez me pardonner à l'avance si j'ai commis quelques erreurs, n'ayant pu trouver toutes les illustrations dont j'aurais eu besoin, et j'ai plus fait cet article avec la passion, qu'avec la connaissance..
 Merci à Thierry Gautier pour les photos de Michel.

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